CLASSES PREPARATOIRES AUX GRANDES ECOLES
Marie-Estelle PECH a signé dans LE FIGARO du 16 janvier un article évoquant les menaces qui pèsent sur les classes préparatoires.
Geneviève FIORASO veut rattacher juridiquement les classes prépas aux Universités. Ce serait la fin de la gratuité des études pour ce niveau post bac.
Si le projet non avoué (mais vraisemblable pour ce gouvernement hostile à tout ce qui peut être taxé d'élitisme) est de supprimer les classes prépas, je ne pourrais que regretter ce type d'enseignement incomparable et tellement plus efficace que l'université.
En revanche si le motif officiel invoqué est de faire payer obligatoirement aux lycéens des droits d'inscription parallèles à l'université pour "récupérer" 9 millions d'€ je propose à nos ministres FIORASO et PEILLON de regarder d'un peu plus près ce qui se passe dans leur grande maison.
Comme le remarque M.E. PECH, les élèves de prépas sont déjà très souvent inscrits en même temps en faculté. Au cas ou.... Précaution d'ailleurs bien inspirée tant sont nombreux les lycéens qui s'échappent, avant Noël, à la faculté voisine, découragés par la sévérité de la notation de leurs professeurs.
Sévérité perverse d'ailleurs et je vais dire pourquoi.
Donc les élèves paient déjà. Mais l'Etat paie aussi, et cher, et pourrait commencer par tenir ses comptes.
Les professeurs de classe prépas sont titulaires de l'agrégation et, à ce titre, rétribués selon une grille indiciaire spécifique. Ils sont, de plus, tenus à des maxima de service hebdomadaire qui ne sont pas de 15h comme pour leurs collègues du second degré mais de 9 à 12h selon les spécialités et le niveau (par exemple Sup et Spé.).
Si les horaires des élèves, dans certaines matières, dépassent les 9h, les professeurs ont des services complétés en heures supplémentaires. (des HS à taux spécifique là aussi).
Après les écrits des concours d'entrée dans les Ecoles (avril ou mai) il n'y a plus cours. Il faut préparer les oraux en petits groupes selon le principe des colles rétribuées en plus du salaire et des HS qui continuent à être versées.
Parlons des colles, rente incontrôlée, puisqu'un professeur peut les confier à un collègue de son choix ou les garder pour lui. Programmées avant même le début d'année, selon des prévisions hypothétiques, elles demeurent jusqu'à la fin de l'année scolaire. L'heure de colle qui est constituée de 3 séquences de 20 min pour 3 élèves différents est rétribuée quel que soit le nombre d'élèves présents et le temps passé par le colleur alors que les effectifs, nous l'avons vu, fondent au cours de l'année et en particulier au premier trimestre.
Ils fondent d'autant plus que les commissions de recrutement s'évertuent à sauvegarder l'existence des classes prépas quitte à recruter à un niveau faible. Il sera toujours temps de décourager les élèves plus tard. L'essentiel ayant été de gonfler les effectifs avant la rentrée.
Je ne remets pas en cause la qualité de l'enseignement ni le niveau d'exigence, mais les dérives coûteuses provoquées par des abus quasi institutionnalisés. Quand on a participé à des jurys de concours d'entrée dans des écoles grandes ou moins grandes et qu'on a assisté à des entretiens où les rôles sont inversés puisque les représentants de l'école tentent de séduire les candidats hésitant entre plusieurs solutions on se dit: tout ça pour ça ?