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Après 17 plaintes auprès de la CNIL, 16O signalements, la double plainte de la FSU et du SNES-FSU, le dossier était présenté au juge des référés de Paris aujourd'hui. La décision sera rendue le 3 mars.

Lancé le 29 janvier ce site de "notation des professeurs" fait hurler dans les salles des professeurs. Les syndicats objectent que seuls les inspecteurs pédagogiques (pour les 6O% de la note) et les chefs d'établissement (pour les 40% de la partie administrative de la notation) sont habilités à noter les enseignants.

Ils font semblant de croire qu'une inspection (annoncée plusieurs jours à l'avance) d'une heure, suivie d'un entretien en tête à tête d'une heure, rend compte de la qualité pédagogique d'un professeur.

Quant à la notation administrative c'est une opération très lourde mais sans aucun sens. Les professeurs sont notés en fonction d'une grille qui tient compte uniquement de l'ancienneté et n'autorise que des nuances de deux à trois points en début de carrière pour finir au demi-point près vers le onzième échelon. Le chef d'établissement ne peut dépasser le barême pour les collègues brillants et ne peut descendre au dessous pour les cas catastrophiques. L'appréciation littérale qui complète, relève d'un exercice de style très codé où la hiérarchie lit entre les lignes pour y trouver des réserves non exprimées au milieu de louanges quasi obligatoires . Un professeur auquel on ne dit pas qu'il est excellent vient demander des comptes au chef d'établissement. Chacun sait qu'un "bon professeur" est en réalité considéré comme médiocre. L'inflation du vocabulaire est extrême.

Les chefs d'établissements qui ne veulent pas de scènes dans leur bureau refont les mêmes compliments tous les ans sans changer une virgule. Ceux qui tiennent à exprimer leurs avis de façon plus conforme, apprennent souvent que la commission paritaire a "rectifié" leur notation à la demande de l'intéressé soutenu par son syndicat. Les secrétaires de la division du personnel des Rectorats téléphonent même aux chefs d'établissement pour leur demander de modifier leur appréciation. 

Enfin, au bout du compte la note définitive (administrative plus pédagogique) revient après une péréquation nationale qui lisse les écarts trop importants qui pourraient subsiter.

Beaucoup mieux placés pour évaluer leurs professeurs, sont les élèves. Et ceci dès la sixième où ils peuvent commencer à faire des comparaisons. Ils ne sont dupes de rien et ressentent tous les éléments qui font une bonne relation pédagogique. Les petits précoces sont particulièrement attentifs à la qualité de leurs enseignants et parfois ont même l'audace de s'exprimer sur le sujet. On devine les scandales qu'il faut calmer.

Note2be heurte l'amour propre des professeurs parcequ'il y a étalage public de leur évaluation par des enfants à qui ce droit n'est pas reconnu alors que tout le monde sait que s'ils n'ont pas le droit de dire, on ne les empêche pas de penser.

J'ai trouvé sur ce site des commentaires désobligeants et inutiles qu'il vaudrait mieux éviter. Un petit malin a écrit "peau de vache" dans la case réservée au libellé de la matière.

Lorsque j'étais professeur j'aurais sûrement critiqué ce pouvoir supplémentaire donné aux élèves mais si j'avais été noté au dessous de la moyenne je me serais interrogé sur ma façon d'enseigner sans attendre la visite hypothétique d'un inspecteur pressé.

Il va falloir s'y faire nous vivons l'époque "postmoderne" où les patients peuvent faire un procès à leur chirurgien sans avoir étudié la médecine et les passagers peuvent critiquer l'atterrissage sans rien savoir des règles du pilotage.

Les petits précoces, je l'ai déjà dit, sont volontiers critiques envers les adultes (professeurs ou parents) Ils le sont instinctivement.