Nicolas Sarkozy....
.....était donc au Havre hier et je "couvrais" l'évenement pour la radio locale RCF Le Havre.
"(...) Je vois bien que la pensée unique est de retour. Comme toujours, après avoir subi une défaite, elle revient à la charge. On la voit s'insinuer partout et s'opposer à tout.
Je le dis tranquillement mais fermement. Son règne est terminé. Je veux que l'on puisse penser librement, débattre librement, décider librement. Je suis pour la liberté de l'esprit et contre tous les conformismes. Je suis pour que l'intelligence soit libre, pour que l'imagination soit libre."(...)
Dans le discours, suivent quinze exemples de pensée unique qui touchent à des domaines aussi variés que la monnaie, les peines planchers et surtout la déduction fiscale des intérêts d'emprunt qui a aussitôt créé une grande agitation parmi les journalistes présents hier et les commentateurs de ce matin.
Un exemple parmi ces quinze, concerne l'éducation nationale:
"La pensée unique dit qu'il est impossible de supprimer la carte scolaire. Moi je crois que dans une démocratie évoluée, les parents doivent pouvoir choisir librement et en toute connaissance de cause l'école de leurs enfants. Je veux démontrer que ce n'est pas la contrainte mais la liberté, l'autonomie et l'évaluation qui peuvent le mieux garantir la mixité et l'excellence de l'école. Je l'ai promis, je le ferai." (...)
Xavier Darcos l'a dit aussi, la carte scolaire obtient le résultat inverse de l'objectif annoncé.
C'est hélas une constante dans ce ministère où les meilleures intentions récoltent surtout les effets pervers.
La rigidité du système unique (comme la pensée) pour tous, conduit à des absurdités que les services ministériels ne percoivent pas plus que les services départementaux. La méconnaissance du terrain, l'absence de confiance envers les chefs d'établissement, l'obsession des taux de passage (qui transforme parfois les Inspecteurs de l'Information et de l'Orientation les moins éclairés en véritables adjudants pour ne pas dire kapo) l'obsession des taux de réussite au Diplôme national du brevet (qui transforme les jurys en manipulateurs de barême de correction), tout ceci, et j'en passe, explique l'inefficacité du mammouth.
Si la liberté et l'autonomie ne conduisent pas (comme on l'a déjà vu) à plus de centralisme autoritaire, si le sens des mots n'est pas inversé (comme les Zones d'Education Prioritaire ont catalogué des établissements de seconde zone ou comme l'opération "ambition réussite" a laissé penser que là où elle n'était pas mise en place, il n'y avait ni ambition, ni réussite, si on résiste enfin à la tentation de monter des usines à gaz pilotées par des fonctionnaires d'autorité papivores et chronophages enkystés dans leur bureau loin des élèves, si on résiste enfin à cette manie de vouloir expliquer aux acteurs du terrain ce qui est bon pour eux, vu depuis la rue de Grenelle ou de derrière les grilles des rectorats, alors, enfin on pourra espérer inverser le tendance actuelle au découragement, à la lassitude et à la colère des personnels et des familles.
Et pour les critères de l'évaluation puisqu'on ne pourra plus se servir du nombre des demandes de dérogation au secteur scolaire pour mesurer le taux d'attractivité d'un collège, on pourra se tourner vers l'évolution de la demande du marché de l'immobilier (locatif ou accession à la propriété). Puisque l'école fait fuir certains quartiers, elle peut aussi participer à leur réhabilitation. A condition de laisser fonctionner la liberté et l'autonomie.